Minéralogie

Ressources minéralogiques du massif du Mont-Blanc et des régions limitrophes

Par Armand Comte

Depuis la fin du 18ème siècle, de nombreux géologues et minéralogistes, prenant le relais de M. De Saussure, ont manifesté un intérêt pour le massif du Mt. Blanc, mais le premier inventaire systématique des minéraux de ce secteur n’a été réalisé qu’un siècle plus tard par le naturaliste chamoniard Venance Payot (1826-1902) et publié en 1873 sous le nom de « Statistique minéralogique des environs du Mt-Blanc ». Dans ce document, on dénombre environ 90 minéraux. Il est probable que, même à cette époque, beaucoup d’entre eux étaient rares ou ne se présentaient pas sous forme de cristaux individualisés mais peut-être seulement comme éléments constitutifs des roches.

Entre les deux guerres, la « Statistique pétrographique » de Vallot reprend l’étude précédente sans apporter d’éléments nouveaux mais, les chapitres consacrés aux carrières et mines sont très documentés et d’un intérêt historique certain. A la même époque, François Couttet (1876-1962), guide et secrétaire de mairie, qui est en rapport avec de nombreux collectionneurs et scientifiques, fait également un inventaire des minéraux de la région , qu’il complète par diverses annotations d’ordre géologique, mais son étude n’est pas publiée.

 En nous inspirant de ce qui a été fait précédemment et en réunissant tous les renseignements recueillis depuis de nombreuses années auprès de différents cristalliers français, suisses et italiens, nous allons essayer de faire un inventaire plus actuel, en éliminant de la liste dressée par Venance Payot un certain nombre de minéraux qu’on ne trouve que comme constituant des roches ou qui ne sont que des sous-variétés. Nous insisterons, par contre, sur les trouvailles intéressantes et nouvelles faites depuis une trentaine d’années, ne serait-ce que pour inciter les cristalliers à ouvrir encore d avantage les yeux!

 Dans cette étude, sans prétention scientifique, on trouve donc:

1• l’énumération des différents minéraux, présentés par ordre alphabétique, dans leur classe respective.

2• quelques données relatives à leur couleur, leur forme, leur grosseur.

3• l’indication des associations possibles (paragénèses).

4• un bref rappel historique quand celui-ci sera possible et jugé intéressant.

5• enfin, parfois, une comparaison avec ce qui a été trouvé ailleurs dans les Alpes, de manière à mieux situer la production locale.

 Région concernée par cette étude: le massif du Mont-Blanc, toutes les vallées qui le ceinturent, ainsi que quelques secteurs intéressants situés au-delà de ces vallées: Catogne, Bovine, Buet, Aiguilles-Rouges, Pormenaz, Varan, partie Nord-Est du Beaufortain.

Classe I : les minéraux natifs

Or (Au)

Rappel historique: la pyrite aurifère a été exploitée dans les mines de Pormenaz et à Mimont (rive droite du glacier des Bossons) où d’après Venance Payot, « le fameux et intrépide Balmat allait travailler au risque de ses jours ».

Concernant l’or de l’Arveyron, laissons parler V. Payot: « Il se trouve aussi en paillettes dans le sable de l’Arveyron. Il y a environ un siècle, ces paillettes ont été recueillies à sa source et à sa jonction au Rhône, près de Genève, et furent pendant quelques temps l’objet d’une exploitation. Mais depuis plus d’un demi-siècle, il semble que la rivière a perdu une partie de sa richesse aurifère, probablement par suite de l’épuisement du filon ou du changement du lit de la rivière dans son trajet sous le glacier des Bois ». Pierre Mandrick, l’orpailleur très connu, n’en a pas trouvé malgré de nombreuses recherches.

Dans les « Alpes éducatrices » du Chamoniard Jules Payot (1859-1940), recteur d’académie, on relève: « Un homme d’Argentière avait trouvé un filon d’or dans le versant méridional Chardonnet. Il allait vendre le minerai à Genève… En mourant il essaya d’indiquer l’emplacement… mais les héritiers ne purent retrouver le filon ». Quelle était la part du rêve dans les affirmations de ce cristallier?

Plus récent et plus authentique: au musée des guides de Courmayeur, une pépite d’or, trouvée en 1956 sur le versant sud du Mt. Blanc est exposée. Dans la revue du « Gruppo mineralogico Carlo Erba » de Milan, il est indiqué qu’un de ses membres a trouvé en 1971 dans les moraines du Glacier du Miage de l’or sur quartz fumé.

Graphite (C)

Sa présence, dans le massif, est signalée par H.B. de Saussure dès 1781, au rocher de l’Heureux Retour. On l’a trouvé aussi à Caillet et dans les torrents du Grépon et des Pèlerins.

Les cristalliers se passionnent-ils pour ce minéral?

Classe II : les sulfures

            Dès le 15ème siècle, mais surtout aux 18ème et 19ème siècles, des mines ont été exploitées dans la région: à Ste Marie du Fouilly, à Pormenaz, à Notre Dame de la Gorge, à la Combe d’Armancette et même en haute montagne sur le versant italien du Col Infranchissable. On y extrayait blende, galène, pyrite, chalcopyrite et d’autres minéraux.

            En 1982 et 1983 aux Montées Pélissier, des trouvailles intéressantes ont été faites lors des travaux de construction de la voie rapide; les sulfures y étaient très largement représentés. En plus des espèces les plus courantes (galène, pyrite et chalcopyrite qui seront décrites plus loin), on y a découvert, en très petite quantité, les minéraux suivants, rares ou introuvables ailleurs:

Aikinite (PbCuBiS3) sulfure de cuivre, plomb et bismuth.

Bournonite (PbCuSbS3) sulfure de cuivre, plomb et antimoine, trouvée également autrefois à Pormenaz.

Chalcosine (Cu2S) sulfure de cuivre, mentionnée également aux mines de Ste Marie dans les statistiques Vallot.

Covelline (CuS) autre sulfure de cuivre.

Friedrichite (Pb5Cu5Bi7S18) et nuffieldite (Pb2Cu(Pb,Bi)Bi2S7) sulfure de cuivre, plomb, bismuth et antimoine dont la différenciation est difficile; identifiés par M. Moello du B.R.G.M.

A propos de la nuffieldite, laissons la parole à M. Jean Martin:  » La nuffieldite est un minéral découvert en 1967 en Colombie Britannique (Canada), cette occurrence étant la seule connue. Les Montées Pélissier constituaient donc la deuxième occurrence mondiale d’un minerai très rare et qui donnait semble-t-il des cristaux plus beaux que dans la première… Ce minéral, orthorhombique, se présente en cristaux aciculaires, prismatiques. Leurs fibres, parfois accolées en palissade, dépassent fréquemment le millimètre jusqu’à atteindre parfois le centimètre pour une épaisseur de l’ordre de 0,2 mm. »

Stibine (Sb2S3) sulfure d’antimoine, trouvée également, en 1982, lors des travaux du tunnel des Chavants. Quelques spécimens à Pormenaz.

Tétraédrite  ((Cu,Fe,Ag,Zn)14Sb4S13) sulfure d’antimoine et de cuivre. Pormenaz, Fouilly.

Sphalérite/Blende (ZnS) sulfure de zinc.

François Couttet signalait: « dans le torrent du Grépon: blende jaunâtre assez semblable à celle du Pic d’Europe, en Espagne ». Elle a été trouvée ( Marcel Guer) à l’entrée aval du tunnel routier des Chavants en 1987: beaux cristaux noirs, maclés, centimétriques, en association avec l’ankérite beige et de minuscules quartz incolores. A Pormenaz (R. Maucci), en cristaux brillants, maclés: 8 à 12 mm. Aussi aux Montées Pélissier et aux Faux.

Blende et ankérite
Tunnel des Chavants, les Houches
Collection club, photo C. Moutarde

Chalcopyrite (CuFeS2) sulfure de fer et de cuivre.

Exploitée autrefois dans les mines du Grand Mont d’Arêches, de Raissy (Rochy/Servoz), de Pormenaz, de Ste Marie du Fouilly. Aux Montées Pélissier (1982/83): beaux cristaux tétraédriques avec irisation, de plus d’un centimètre. Au rocher des Enclaves. Dans le torrent de l’Arbonne (Bourg St Maurice): cristaux de 4 cm associés à l’hématite en lamelles. A Tête Noire (Finhaut): cristaux de 8 mm associés au quartz et dans le secteur du Buet. La plus grosse pièce: 17x14x4 cm, 1,995 kg! trouvée par J. Claude Rey dans le secteur du Grand Mont.

Galène (PbS) sulfure de plomb.

Exploitée autrefois dans les mines de Ste Marie du Fouilly, Montvauthier, Pormenaz, des Molliasses et du Col Infranchissable. Trouvée plus récemment: au Glacier du Miage (cubes de 1 cm), aux Montées Pélissier (1982/83), aux Chavants lors des travaux du tunnel en 1987 (cristaux maclés jusqu’à 5 cm), dans la gorge de l’Arveyron, au glacier de Pierre Joseph dans un four de quartz en 1990 (clivage de plusieurs centimètres) et au Jardin de Talèfre.

Molybdénite (MoS2) sulfure de molybdène.

Voilà un sulfure qu’on a trouvé pour l’instant, dans notre région, qu’en haute montagne. Il aurait été découvert vers le Col du Géant en 1780. Venance Payot le signale à l’Aiguille du Midi et au Col du Géant. Le catalogue du B.R.G.M. le mentionne à l’aiguille de Talèfre et à la Noire, au Nord de la Dent du Géant. Trouvaille récente: à la Pointe Isabelle et rive gauche du Glacier de Frébouze, en enduits lamellaires gris. En blocs sur le glacier de Talèfre et la Mer de Glace.

Leschaux (collection du club/photo MPe).

Voilà un sulfure qu’on a trouvé pour l’instant, dans notre région, qu’en haute montagne. Il aurait été découvert vers le Col du Géant en 1780. Venance Payot le signale à l’Aiguille du Midi et au Col du Géant. Le catalogue du B.R.G.M. le mentionne à l’aiguille de Talèfre et à la Noire, au Nord de la Dent du Géant. Trouvaille récente: à la Pointe Isabelle et rive gauche du Glacier de Frébouze, en enduits lamellaires gris. En blocs sur le glacier de Talèfre et la Mer de Glace.

Pyrite (FeS2) sulfure de fer,  » or des fous »

Rare dans la partie centrale du massif (inclusions dans des quartz au Glacier de Talèfre), elle est assez abondante sur sa périphérie ou à l’extérieur, en particulier : aux falaises des Gaillands, dans la gorge de l’Arveyron (cubes de 10 à 30 mm), aux Montées Pélissier (1982/83), aux Chavants (1987), à Pormenaz (autrefois), à la Pointe des Lanchettes et du côté du barrage d’Emosson lors des travaux. Sur le versant italien: à la base de la Noire de Peuterey, au Glacier du Miage, au Petit Mt. Blanc. Dans différents secteurs du Beaufortain: Grd Mont, Girotte, Passage des Cristaux, Bolchu, Miravidi (octaèdres de 4 à 5 cm), au Clapey (cubes de 4 cm associés à l’épidote) et dans le torrent de l’Arbonne (octaèdres ou dodécaèdres associés à de l’hématite). Minéral accessoire contenu dans les granites des Houches.
Pyrite

Les Mottets, Chamonix.
Collection et photo N. Fagou.

Réalgar (S4As4) sulfure d’arsenic.

A été trouvé autrefois à Pormenaz. On a plus de chances d’en découvrir dans la vallée de Binn!

Classe III : les halogénures

Fluorine (CaF2) fluorure de calcium.

Découverte en 1791, elle a été identifiée par le professeur Pictet, ami du savant H.B. de Saussure. On l’appelait alors « spath fluor » ou « spath vitreux » ou chaux fluatée rose » , terme que l’on retrouve dans une lettre adressée à Jacques Balmat en 1814. Ce minéral a très largement contribué à la célébrité du Massif du Mt. Blanc dans le domaine des cristaux.

Fluorine rouge framboise
Massif de l’Aiguille Verte
Collection Musée Alpin, photo N. Fagou

Bien que 3 belles pièces (association de quartz fumé et octaèdres de fluorine rose de 1 cm environ), achetées avant 1900, garnissent les vitrines de 2 musées parisiens, on peut affirmer que les plus belles ont été trouvées, depuis une quarantaine d’années, par des cristalliers qui ont investi des secteurs d’accès très difficile ou qui étaient, à une époque plus reculée, recouverts par des névés ou des glaciers.

Beaucoup de pièces trouvées depuis les années 50/60, font la fierté des cristalliers ou des collectionneurs chamoniards; quelques unes sont visibles au Musée de Chamonix, d’autres, possession du Club de Minéralogie de Chamonix, sont exposées au musée des cristaux. Mais beaucoup, parmi les plus belles, ont été vendues hors de la vallée: c’est très regrettable! cette remarque est également valable pour le quartz.

Fluorine verte
Massif des Courtes
Collection Musée Alpin, photo N. Fagou

Couleurs : généralement rose (du rose pâle au rouge framboise), elle peut être parfois violette (Glacier du Nant Blanc, arête N du Peigne, arête NW de Blaitière), blanche (glacier de Pré de bar), bleue (Col de la Gittaz, Beaufortain), ou verte (Rachasses, face N des Courtes, Pierre Joseph, Mayères sur Sallanches). Venance Payot indiquait: « sous-variété: antozonite d’un bleu violet, du Glacier d’Argentière).

Grosseur et forme des cristaux : de quelques mm à une douzaine de centimètres, en octaèdres le plus souvent, rarement en dodécaèdres; amorphe à Mayères.

Associations: la plus fréquente: quartz + fluorine; les moins courantes:   fluorine + calcite, quart + fluorine + adulaire, quart + fluorine + calcite, quart + fluorine + Hématite

Localisations: à deux exceptions près (Mayères, Col de la Gittaz), et jusqu’à preuve du contraire (!), on ne la trouve que dans le Massif du Mt-Blanc, plus particulièrement au Nord-Est d’une ligne passant par l’Aiguille du Midi et le Col du Géant.

Secteurs les plus riches: bassins glaciaires du Tour, d’Argentière, de Talèfre, de Leschaux, des Périades, mais aussi Aiguilles de Chamonix. Georges Bettembourg a trouvé, en 1979, à l’Aiguille des Pèlerins, le plus bel octaèdre jamais vu à Chamonix et qualifié de « pièce de grand musée » par M. Chermette, grand spécialiste français de la fluorine.

Classe IV : les oxydes et hydroxides

Anatase (TiO2) oxyde de titane.

Découverte en Oisans en 1783.
Couleurs: octaèdres parfois très allongés dont la couleur peut être miel, rougeâtre, bleu nuit, associée au quartz le plus souvent .
Grosseur et forme des cristaux: grosseur des cristaux: de quelques dixièmes de millimètres à 1 cm en général. Le plus gros, à notre connaissance, trouvé dans le massif (Aiguille Croux) mesure 22 mm. Le plus gros cristal alpin mesure 53 mm; il a été trouvé à Binn, il est au Musée de Washington. Rémy Martin en a trouvé un de 43 mm, très allongé, en 1997 à la Lauzière.
Localisations: base des Périades versant W, rive droite du Glacier des Périades, près du refuge de Leschaux, Glacier de Talèfre, base du Doigt de l’Étala, Petit Mt. Blanc, Aiguille Croux. Aiguilles Rouges (Flégère, Charlanon, Bel Achat) et falaise des Gaillands. Montées Pélissier, avant les travaux de la voie expresse. Nid d’Aigle, lacs Jovet, Grand Mont, mais surtout dans la Vallée des Glaciers.

Anatase sur quartz
Glacier de Talèfre
Collection et photo N. Fagou

Brookite (TiO2) oxyde de titane.

Trouvée à Tête Noire (Finhaut) dès 1821.

  • Couleur et forme des cristaux: les cristaux sont de petites lamelles très fines, fragiles, de quelques mm à 1 cm le plus souvent, translucides, avec une coloration marron clair inégale. Les plus gros auraient été trouvés au Glacier de Miage -3 à 4 cm.
  • Localisations: Les deux sites les plus connus : Tête Noire et Vallée des Glaciers, mais aussi Salvan (cristaux de 2 cm découverts en 1970), les Posettes, la Flégère, les Gaillands, la Petite Aiguille des Glaciers et le Mont Noir de Peuterey.
Brookite sur quartz gris
Tête Noire Valais, Suisse
Collection et photo N. Fagou

Rutile (TiO2) oxyde de titane.

Venance Payot le signalait aux Mottets et au torrent du Grépon. Aujourd’hui, on le trouve encore aux Mottets, sous forme de sagénite, parfois en inclusion dans le quartz.

Robert Maucci en a trouvé au Grand Mont et au Passage des Cristaux, en fibres serrées, et à Pormenaz associé à l’hématite et au quartz.

Rutile faciès sagénite dans quartz avec hématite
Les Mottets
Collection et photo M. Petetin

Corindon (Al2O3) oxyde d’aluminium.

Au Muséum d’histoire naturelle, une grosse pièce (prisme hexagonal aplati) porte l’indication « Chamonix ». Venance Payot écrit: « Disséminé en petits cristaux très abondants dans une protogine… mes persévérantes explorations m’en ont fait retrouver de forts beaux exemplaires. »

Goethite (a-Fe3+O(OH)) oxyde de fer hydraté.

Agrégats sphériques, marron plus ou moins foncé, souvent associés au quartz dans les fours; quelques mm à 2 ou 3 cm. Bassins d’Argentière, de Pré de Bar, de Talèfre et Montées Pélissier.

Mammelons de goethite
Les Montées Pélissier, Les Houches
Collection et photo M. Petetin

Hématite (Fe2O3) oxyde de fer .

Peu répandue dans le massif du Mt-Blanc proprement dit: le plus souvent en saupoudrage sur du quartz (Arête des Cosmiques, base de la face N de la Noire, Talèfre, Argentière, Saleina), parfois en lamelles de plus d’un cm (Tour Noir, Passon, Mottets). Les plus beaux échantillons proviennent peut-être de la périphérie du massif: de Bovine (petites roses de fer), des Gaillands (jolis cristaux brillants, lenticulaires), Servoz, Tête Noire, de Notre Dame de la Gorge et du Beaufortin (Col du Pré, Grand Mont, torrent de l’Arbonne à Bourg St Maurice). En résumé, rien de comparable avec les pièces exceptionnelles trouvées en Suisse (Binn, Tessin).

Hématite sur quartz hyalin
Les Chavants, Les Houches
Collection et photo N. Fagou

Ilménite (Fe2+TiO3) oxyde de fer et titane.

Signalée par Lacroix à Tête Noire. Une seule découverte sûre, à notre connaissance, à la base du Glacier de la Griaz en 1983: des fibres noires, en faisceaux, en inclusion dans du quartz, associé à des rhomboèdres de calcite; identification faite à Genève. C’est insignifiant par rapport à la production suisse: par exemple une rose de 3 cm provenant de Maderanertal (Uri), vue au Musée de Berne.

Magnétite (Fe3O4) oxyde de fer.

Dans la Statistique de Vallot, on peut lire: « abondante en grains dans les alluvions de l’Arveyron…; en petits cristaux octaédriques à la base de l’Aiguille du Midi…; filon de magnétite compacte très pure, reconnue par François Couttet dans un énorme bloc tombé sur le glacier de Blaitière. »

Une découverte récente a été faite par J.P. Siret à la base du Doigt de l’Étala: petits octaèdres de l’ordre du mm, en inclusion dans le quartz ou en saupoudrage.
Egalement en petit filon violacé avec octaèdres submillimétriques dans la rhyolite du côté Suisse du massif (Dolent).

A Traversella, ils mesurent 1 cm et à Binn 2 cm !

Magnétite sur bloc erratique de granite (détection via l’aimant visible vers le centre de la photo)
Glacier des Nantillons, Chamonix
Photo M. Petetin

Pyrolusite (MnO2) oxyde de manganèse.

Peu répandue; deux sites connus: près du Nid d’Aigle et au Mont Chétif; dendrites dans les deux cas. En 1996, Joseph Canova a découvert à Tignes, un filon d’une roche contenant une grande quantité de dendrites de pyrolusite. Il a scié et poli un grand nombre de blocs de cette roche et, il a réalisé un dallage original et très esthétique dans l’entrée de son musée à Bourg St Maurice.

Quartz (SiO2) oxyde de silicium.

Dans la région qui nous intéresse, il y en a partout! Mais c’est dans les cirques d’Argentière, Talèfre et Leschaux que les cristalliers ont fait, et font encore de nos jours les plus belles trouvailles.

– Couleurs:

Quartz fumé et morion: massif du Mt. Blanc proprement dit, au-dessus de 2500 m environ, mais des cristalliers ont trouvé du quartz incolore à 3800 m dans la face sud des Droites.


Quartz fumé
Bassin de Talèfre
Collection P. Bavuz, photo L. D. Bayle

Quartz incolore ou hyalin: partout ailleurs, notamment: Bovine, Tré les Eaux, les Mottets, Vallée des Glaciers, Beaufortin (des cristaux légèrement fumés ont été trouvés dans ce secteur, au Bolchu).

Quartz incolore à âme
Vallée des Glaciers
Collection et photo N. Fagou

Quartz hématoïde: en 1970, lors des travaux réalisés pour l’EDF, des mineurs ont trouvé, dans les galeries sur le versant suisse du Col de Balme, des cristaux assez gros (jusqu’à 25 cm) présentant une coloration très inégalement répartie, allant du rose pâle à un rose légèrement violacé. Le Musée de Chamonix en possède un beau spécimen.

Quartz hématoïde
Les Esserts, Valais, Suisse
Collection Club, photo C. Moutarde

Quartz gris bleuté: à Tête Noire (cristaux jusqu’à 15 cm dans la cavité d’où provient la brookite), aux Lanchettes (Vallée des Glaciers) et à Croisse Baulet.

Quartz gris
Tête Noire, Valais, Suisse
Collection et photo N. Fagou

Quartz violet (améthyste): sous forme de sceptres, dans le cirque d’Argentière mais aussi sur le versant SW des Droites. Rare et intéressant mais cela représente peu de choses par rapport à ce qui a été trouvé à Traversella (Piémont), ou dans différents endroits en Suisse (Airolo, Zinggenstock, Binn, Glacier de Fiesch). Au Col du Pré et près du barrage de la Girotte, on a trouvé de petits cristaux (jusqu’à 20 mm) incolores avec la pyramide terminale colorée en violet.

Sceptre d’améthyste
Massif des Courtes
Collection et photo N. Fagou

– Grosseur: A notre connaissance, le plus gros cristal trouvé dans le massif pèse 50 kg (base de la face N des Droites, guides Éric Bellin et J. Marc Boivin). A titre de comparaison, le plus gros cristal alpin a été ramené  à Paris par Napoléon en 1797 (poids: 800 kg, origine: Fiesch, Valais). Un autre de 618 kg a été trouvé en 1966 dans le Massif du Grossglockner (Autriche).

– Formes particulières:

Les Peignes: principalement dans les cirques d’Argentière, Talèfre, Leschaux et Périades. Particulièrement recherchés par les collectionneurs, ils sont souvent vendus à des prix exorbitants !

Quartz fumé cristallisation en peigne
Bassin de Talèfre
Collection P. Bavuz, photo L.D. Bayle

Quartz à âmes: dans les cirques d’Argentière, Talèfre, Leschaux et Vallée des Glaciers (Grande Écaille) d’où proviennent de beaux cristaux incolores très caractéristiques.

Quartz à âme
Bassin de Talèfre
Collection P. Bavuz, photo L.D. Bayle

Habitus Dauphiné: Tré les Eaux et Pormenaz.

Macles: du type La Gardette à Tré les Eaux et Pormenaz.

Sceptres: des sceptres non améthysés ont été trouvés aux Gaillands, sur la piste de Lognan à Argentière, dans la face N des Droites, à la Girotte et au Col du Pré.

Quartz fenêtre: s’ils sont abondants dans le Val d’Illiez (Valais), ils sont plutôt rares dans le massif. On en a trouvé du côté de la Girotte. Signalons les pièces exceptionnelles trouvée en 1997 par Robert Maucci dans les Aravis (cristaux jusqu’à 18 cm et pesant 1,300 kg).

Quartz fantômes: les fantômes n’entraînent pas une modification de la forme des cristaux, mais ils leurs apportent une plus-value. Beaux spécimens trouvés à Notre Dame de la Gorge en 1983, également au Passage des Cristaux, au Grand Mont et dans les cirques d’Argentière, Talèfre et Leschaux.

Fantôme de chlorite
Le Bolchu, Beaufortain
Collection et photo N. Fagou

En guise de conclusion à ce long développement sur le quartz: une agence de tourisme suisse propose, entre autres, un séjour au pied du Mt. Blanc. En face du nom Chamonix, ont-ils mis une photo du Mt. Blanc ? de l’Aiguille du Midi ? Non ! Mais le dessin d’un groupe de cristaux !

Jaspe (variété de calcédoine) (SiO2) oxyde de silicium.

Connu depuis longtemps et exploité autrefois, le jaspe rouge du torrent du Gibelou était tombé dans l’oubli; pourtant il a servi à tailler les colonnes de l’Opéra de Paris. Joseph Canova a retrouvé le filon; il a ramené des échantillons qu’il a polis, c’est assez joli.

Jaspe en place
Le Nant Ferney, St Gervais les Bains
Photo M. Petetin

Classe V : les carbonates

Calcite(CaCO3) carbonate de calcium.

Elle se présente sous différentes formes:

  • Masses amorphes, clivables, parfois importantes, en filons indépendants ou en remplissage dans des cavités de quartz
  • En lamelles parfois associées au quartz et à la fluorine: cirques d’Argentière, Talèfre, Périades, les Mottets, Glaciers de la Griaz et du Mt. Blanc, face Sud des Petites Jorasses.
  • En cristaux lenticulaires: face Nord des Courtes, Vallée des Glaciers, Aiguille de Varan.
  • En scalénoèdres: face Nord des Courtes, Arandellys, Chavants, Montées Pélissier, Vormaine, Tré la Tête, Quatre Têtes.
  • En rhomboèdres: Aiguille du Tacul, face Nord des Courtes, Glacier de la Griaz.
  • En prismes hexagonaux aplatis ou allongés: Emosson, Pointe des Améthystes, Aiguille du Tacul.
Calcite et pointe de quartz fumé
Glacier de Talèfre
Collection et photo N. Fagou

Curieusement, la calcite se présente parfois sous deux formes, dans la même pièce: rhomboèdres et lamelles (Glacier de la Griaz), rhomboèdres et prismes hexagonaux aplatis (Aiguille du Tacul).

Ankérite (Ca(Fe2+,Mg,Mn2+)(CO3)2) carbonate de calcium et de fer.

Trouvée principalement dans les cirques d’Argentière et de Talèfre, mais aussi aux Chavants. Petits rhomboèdres marrons formant parfois des encroûtements sur des quartz. Associée aussi à la calcite.

Ankérite sur quartz
Les Courtes Mt-Blanc 7×3,4cm
Collection P. Bavuz, photo L.D. Bayle

Aragonite (CaCO3) carbonate de calcium.

Assez rare dans notre région. Souvent fibro-radiée. Tour Noir, Vallée des Glaciers, Passage des Cristaux, Torrent de la Griaz.

Azurite et malachite (Cu[OH-CO3]2 et Cu2[(OH)2-CO3]) carbonates de cuivre hydratés.

Plutôt rare en haute montagne (face Nord du Goûter). Plutôt en enduits à Tré les Eaux, Pormenaz, Montées Pélissier, Girotte, Col du Pré…

Malachite et azurite en encroutement sur quartz biterminé
Montagne de Pormenaz, Servoz
Collection et photo N. Fagou

Cérusite (PbCO3) carbonate de plomb.

Rare dans le massif; Franco Lucianaz en a trouvé à la Noire de Peuterey et sous le Col Infranchissable. Egalement à Pormenaz.

Dolomite (CaMg(CO3)2) carbonate de magnésium et de calcium.

Encore plus rare que la cérusite; signalée à Pormenaz. De magnifiques cristaux rhomboédriques ont été trouvés à La Mure.

Sidérite (FeCO3) carbonate de fer.

Dans notre région, il n’y a rien de comparable avec les remarquables cristaux lenticulaires ou rhomboédriques de La Mure ou d’Allevard. Souvent associé au quartz (Gaillands, Merlet, tunnel des Chavants, La Fontaine, Servoz,  Pormenaz, Tré la Tête, Roselend, Grand Mont, Tête Noire, Les Gures, Les Îles, La Vogeale, Grépon).

Classe VI : les sulfates, tungstates et molybdates

Barytine (BaSO4) sulfate de baryum.

Exploitée jusqu’en 1922 à la mine de la « Barytine », près du Pont Ste Marie. Cristaux lamellaires (barytine crêtée) à Tré les Eaux, tunnel des Chavants, Montées Pélissier, Glacier du Miage, Grande Écaille, Passage des Cristaux, Pormenaz, Diosaz, Lanchettes. Cristaux tabulaires à Catogne, La Flégère, Pormenaz (pièce d’Annick Chevenet de 9 x 7 x 1,6 cm), Col des Glaciers.
Couleur blanche, grisâtre, bleutée.

Barytine crêtée sur quartz
Bolchu, Beaufortain
Collection et photo N. Fagou

Gypse (CaSO4(2H2O)) sulfate de calcium hydraté.

Exploité au Mont (Les Bossons) jusqu’au début du XXème siècle en vue de la fabrication du plâtre. Pas de cristaux, seulement sous forme de masses saccharoïdes: rive gauche du Glacier du Tour, le Mont, Montagne des Faux, Col du Joly, rive droite du torrent du Val Veni, Dérochoir.

En micro-cristaux d’altération des sulfures dans les gorges de l’Arve et de la Diosaz.

Scheelite (CaWO4) tungstate de calcium.

Pas signalée dans les écrits anciens; elle a été découverte récemment dans 4 secteurs: au Petit Mt. Blanc: cristal de 25 mm, jaunâtre. A la base du Glacier du Brouillard: (cristaux rouges et brillants de quelques mm à 2 cm) et vers le refuge Gonella. Au Glacier du Triolet et à l’Aiguille de Talèfre: octaèdre allongé, grisâtre, de près de 4 cm. Aux Périades: octaèdre blanchâtre de 26 mm.

Le plus gros cristal alpin a été trouvé en 1887, près de Guttanen (Uri): son poids = 932 gr.

Wulfénite (PbMoO4) molybdate de plomb.

Au  Catogne (Roger May) cristaux de 2 à 3 cm, gris jaune, associés à de la galène.

Classe VII : les phosphates et arséniates

Apatite (Ca5(PO4)3F) phosphate de calcium et de fluor.

Son étymologie signifie « tromperie » car on s’est souvent trompé sur sa nature. Bien que Venance Payot, mort en 1902, ait signalé à propos de ce minéral « Bionnassay – Val Montjoie », le célèbre minéralogiste Alfred Lacroix écrivait en 1900: « il n’existe pas en France, de gisements drusiques d’apatite du genre de ceux qui, dans le massif du St Gothard, fournissent de si beaux cristaux ». Après les trouvailles faites ailleurs  dans les Alpes ( Le Villaret près de La Mure, l’Oisan, la Lauzière),trois cristalliers, au moins, ont ramené de l’apatite du massif du Mt. Blanc: Joseph Canova: cristaux rose pâle (le plus gros = 18 mm) associés à du quartz incolore et de l’albite. Vallée des Glaciers; Roger May: cristaux de 1 cm, blanc ou rose violacé sur quartz (Tour Noir, versant suisse); cristaux légèrement bleutés de 15 mm à Catogne; Dominique Feray: cristal violacé de 12 mm sur quartz fumé avec hématite et  adulaire dans le Massif des Courtes. Elle a été également trouvée au Petit Mt-Blanc en cristaux centimétriques, associée au quartz.

Mimétite (Pb5(AsO4)3Cl) arséniate de plomb.

Trouvée par J. Claude Ménagé dans l’ancienne mine de barytine du Pont Ste Marie: cristaux de 1 mm, bipyramidés ou cubiques. Identification faite par M. Bariand.

Monazite ((CeLaNdTh)PO4) phosphate de cérium avec d’autres métaux rares.

Trouvée par J. Boujon à la Grande Écaille (Vallée des Glaciers); cristaux orange de 1 mm, identification par le Muséum de Genève. Autres sites: Mottets et semble-t-il les Gaillands.

Classe VIII : les silicates

Actinote (Ca2(Mg,Fe2+)5(Si8O22)(OH)2) silicate de calcium, magnésium et fer.

Très courant dans la région du Viso et du Zillertal (Tyrol), il est rare dans notre secteur: Au Clapey (Bourg St-Maurice), il est associé à l’épidote et à la pyrite.

Adulaire (KAlSi3O8) silicate d’aluminium et de potassium.

Assez fréquent dans le massif, il est souvent associé au quartz et parfois à la fluorine: cirques d’Argentière, Talèfre, Périades et Leschaux; Gaillands, Petit Mt. Blanc, Glacier du Miage, Bionnassay, Vallée des Glaciers. Les cristaux dépassent rarement 4 cm.

Adulaire sur quartz biterminé
Vallée de Trient, Valais, Suisse
Collection et photo N. Fagou

Albite (NaAlSi3O8) silicate d’aluminium et de sodium.

il est souvent associé au quartz. Glacier du Tour Noir, Chéserys, Gaillands, Pormenaz, Vallée des Glaciers (très beaux cristaux transparents), Rocher des Enclaves. Grosseur des cristaux: en général moins de 1 cm. La cleavelandite est une variété d’albite, sous forme de minces tablettes: face Nord des Courtes.

Asbeste ou byssolite (Ca2(Mg,Fe2+)5(Si8O22)(OH)2) silicate de calcium, magnésium et fer.

Variété d’actinote fibreuse, découverte par H.B. de Saussure en 1777. Elle a été exploitée près du torrent de Blaitière. De nos jours, on la trouve presque uniquement au Glacier du Miage et au Clapey en fibres serrées, verdâtres, souvent associée au quartz, parfois en inclusions.

Byssolite
Glacier des Bossons, Chamonix
Collection et photo N. Fagou

Axinite (Ca2(Fe2+;Mg;Mn2+)Al2[OH-BSi4O15]) borosilicate complexe de calcium, fer manganèse et d’aluminium.

Découverte en 1781 par Schreiber en Oisans.

Elle est mentionnée par Venance Payot « dans un gneiss avec asbeste et épidote à la Fontaine de Caillet », trouvaille faite en 1801 par Jurine.

Trouvée plus récemment aux Mottets en petits cristaux de quelques mm; secteur du Glacier du Miage en 1987 et 1995 par des Italiens (cristaux de 10 à 15 mm); au Catogne, par Roger May: découverte exceptionnelle par la quantité de cristaux trouvés et leur grosseur; le plus gros mesure 17,5 cm et pèse 730 gr ! Paragénèse: amiante, calcite, datolite. Malheureusement ces cristaux n’ont pas l’éclat de ceux de l’Oisan.

Béryl (Be3Al2Si6O18) silicate de bérylium et d’aluminium.

On en a trouvé en 1820 au pied de la face Nord des Grands-Charmoz.

Chrysocolle ((Cu,Al)2H2Si2O5(OH)4.nH2O) silicate de cuivre.

D’après Venance Payot: « Aiguille du Goûter, Col du Bonhomme, Pormenaz »; également dans la mine de Ste Marie du Fouilly.

Chlorite  silicate complexe de magnésium, fer, aluminium, d’un vert plus ou moins soutenu.

Très abondante dans le massif, mais les cristalliers ne l’apprécient guère, « la lèpre des cristalliers ». En saupoudrage sur d’autres minéraux ou en remplissage dans les fours; jamais sous forme de cristaux. Parfois en inclusion dans des quartz, diffuse ou mettant en évidence des fantômes: les cristaux ont ainsi un intérêt particulier; de beaux spécimens ont été trouvés à Notre Dame de la Gorge en 1983 par Marcel Guer et Christian Perrollaz. On la rencontre aussi dans la Vallée des Glaciers, au Glacier du Miage et dans différents secteurs du Beaufortin. De beaux cristaux de chlorite ( clinochlore, pennine ) ont été trouvés ailleurs dans les Alpes: Val d’Ala, Zermatt, Zillertal.

Datolite (CaB[OH-SiO4]) silicate de calcium et bore.

Une seule découverte, semble-t-il, par Roger May, au Catogne: cristaux de 1 à 2 cm, marron clair, ternes, associés à l’axinite.

Epidote (Ca2(Al2Fe3+)3[O-OH-SiO4-Si2O7]) silicate de calcium, fer et aluminium.

Découverte en Oisans par de Bournon en 1780.

Venance Payot indiquait: « Longs prismes aplatis, engagés dans des filons de quartz enclavés dans la protogine des aiguilles d’Argentière ». Peut-être s’agit il du filon découvert (ou redécouvert?) par J. Paul Charlet à l’arête Charlet-Straton: gros cristaux jusqu’à 12 x 3 cm.

Ailleurs: Col du Piolet, Périades, base de l’Aiguille du Midi, Gaillands, Les Contamines, Goûter, Barberine. Mais surtout au Glacier du Miage, avec une paragénèse intéressante : chlorite, quartz, pyrite, byssolite et adulaire; également au Clapey (paragénèse: calcite, actinote, byssolite).

Grenat (X3Z2(TO4)3 avec X = Ca, Fe,… Z = Al, Cr,… et T= Si, As, V) silicate d’aluminium avec d’autres métaux.

Variété almandin (Fe32+Al2(SiO4)3): « J’identifie le grenat qui se trouve si abondamment dans les roches des environs du lac Cornu… » Venance Payot.

Une trouvaille récente en 1997 par J. Pierre Siret à Bellachat: cristaux corrodés de 18 mm .

Hornblende  ([Ca2][Fe42+-Mg4,Al][(OH)2-AlSi7O22]) silicate complexe.

« Moraine des Bossons » d’après Venance Payot. Pièces de « l’Aiguille du Goûter », « de l’Aiguille du Tricot » au Musée d’Annecy. Au Clapey: en bâtonnets noirs, avec épidote et calcite amorphe. Minéral secondaire contenu dans les granites des Houches.

Hyalophane ((K,Ba)[Al(Si,Al)Si2O8) silicate de potassium, baryum et aluminium.

Des cristaux incolores, transparents, prismatiques de 20 mm maximum, provenant du Val Sapin (Nord-Est de Courmayeur), ont été exposés à la bourse de Courmayeur.

Kainosite (cénosite) (Ca2(Y,Ce)2Si4O12CO3.H2O) silicate de calcium, yttrium et cérium.

Minéral découvert pour la première fois en France, il y a quelques années, par le guide André Loigerot, sur l’arête de Rochefort: cristaux de 3 à 4 mm, octaédriques, orange, associés à du quartz. Autre provenance: Glacier du Triolet (cristaux de 8 à 15 mm).

Muscovite (KAl2AlSi3O10(OH)2) silicate de  fer, potassium et aluminium.

Un des constituants du gneiss. On ne trouve pas de cristaux bien formés, mais parfois de belles lamelles comme à l’Arête des Cristaux au Buet ou en rive gauche du glacier du Tour.

Préhnite (Ca2Al2Si3O10(OH)) silicate de calcium et aluminium.

Découvert en 1782, au Mont de Lans (Isère) par Schreiber.

D’après Venance Payot: « elle se présente en mamelons, en rognons dans les gneiss du Mimont et de l’Aiguille du Goûter, des Grands Mulets et de la Montagne de la Côte ». Pas de découvertes récentes.

Sphène ou titanite (CaTiSiO5) silicate de calcium et titane.

Le premier échantillon de sphène identifié en France en 1780, l’a été sous le nom de « pictite »; il provenait du secteur de la Mer de Glace. Les cristaux sont généralement petits, de couleurs variées: jaunâtres, verdâtres, rougeâtres, marron ou orange.

Provenances diverses: Gaillands, Mottets, Cirque d’Argentière, Périades, Glacier de la Griaz, lacs Jovets et surtout Glaciers du Triolet et du Miage. Franco Luccianaz d’Aoste a trouvé un cristal de 36 mm sur le versant italien du Mt-Blanc.

Les plus belles découvertes: dans le Zillertal, le Tessin et à Gletsch (au pied du Col du Grimsel): 2000 cristaux dans une cavité; un cristal de 8 cm et un autre de 75 gr.

Talc ou stéatite (Mg3Si4O10(OH)2) silicate de magnésium.

Venance Payot: « lac Cornu, Vaudagne, Fontaine de Caillet, Montenvers ». Plutôt rare et de peu d’intérêt.

Tourmaline noire ou schorlite ([Na][Fe32+][Al6][(OH)3-(BO3)3-Si6O18]) silicate complexe.

Venance Payot: « Se trouve assez fréquemment engagée dans les pegmatites du Lac Cornu, du Brévent et les steaschistes de la Griaz ». Plus récemment Claude Ducarre en a trouvé au Grand Mont (cristal de 20 x 4 mm), Luc George et Eric Fournier à la Pointe de Bron (le plus gros prisme: 5 x 1,5 cm, paragénèse: quartz avec beaucoup de muscovite).

Schorlite
Aiguille du Goûter
Collection et photo M. Petetin

Zircon (ZrSiO4) silicate de zirconium.

Venance Payot: « dans la protogine et le gneiss des Charmoz ».

En microcristaux rose-violet dans les alluvions de l’Arveyron, en fond de bâtée.

Récemment: de très petits cristaux, bipyramidés, roses, de moins de 1 mm, ont été trouvés dans un bloc de « pouding » trouvé sur la Mer de Glace; paragénèse: quartz, mica et fluorine.

Zéolites

Les Zéolites ont été formées à des températures et des pressions relativement basses, et en dernier lieu dans les fentes alpines. Les cinq minéraux de ce groupe présentés ci-dessous sont tous des silicates d’aluminium et de calcium:

-Chabasite : au Glacier de Miage en rhomboèdres jaunâtres, 1 cm environ, avec quartz et calcite; découverte récente.

-Heulandite: « en cristaux bacillaires aplatis, blanc jaunâtre :glacier d’Argentière et moraines du glacier du Miage » d’après Venance Payot.

C’est encore au glacier du Miage qu’on peut en trouver de nos jours; également à Bovine.

-Laumontite : au glacier du Miage et dans le bassin d’Argentière on a trouvé récemment des cristaux de 20 mm; également à l’arête Charlet-Straton de l’Aiguille d’Argentière et à la Grande Fourche.

-Scolécite : découvertes récentes sous l’Aiguille du Midi et à la Noire de Peuterey.

-Stilbite : à Bovine, à l’arête Charlet-Straton, près du Col du Tour Noir, mais surtout au Glacier du Miage, où Claude Ducarre a trouvé des cristaux sphériques, jaune citron ou orange, dont le diamètre maximum était de près de 4 cm.

Conclusion

Cette liste de 68 minéraux n’est pas exhaustive; elle concerne, à quelques exceptions près, des espèces qu’on trouve de nos jours. Elle met en évidence la richesse du Massif du Mt-Blanc et des régions limitrophes. Elle devrait être une incitation pour les hommes de terrain (cristalliers professionnels ou chercheurs amateurs) a être attentifs pendant la cueillette et le nettoyage, mais aussi pendant l’observation à la loupe où l’on découvre souvent de minuscules mais très intéressants cristaux.

Un aspect intéressant de cette étude est la réhabilitation de certains secteurs, négligés par la plupart des cristalliers considérés comme professionnels; ainsi, le Glacier du Miage, la Vallée des Glaciers, le Beaufortin, les Montées Pélissier, etc. … sont revalorisés tant par la diversité de leurs minéraux, parfois introuvables ailleurs, que par les particularités des cristallisations. Malgré le soin apporté à cette étude, il y a forcément des oublis et des erreurs. Il serait intéressant que ceux qui les remarquent en fassent part à leur auteur Armand Comte ( 04 50 53 21 17) en vue d’une correction. Merci d’avance.

Voir aussi :